Qui sont les antifascistes que visent Donald Trump et l’extrême droite européenne ?

Contexte international et réactions politiques

Suite à l’assassinat attribué à Charlie Kirk, Donald Trump a désigné les mouvements antifas comme des « terroristes », malgré l’absence de lien avéré entre le meurtrier présumé et des organisations de gauche, y compris antifascistes, à ce jour.

Dans la foulée, l’extrême droite néerlandaise a fait adopter une motion similaire par le Parlement, sans caractère contraignant sur le plan juridique. En Belgique, le président du MR a également appelé à interdire les groupes antifascistes, sans toutefois proposer une définition précise de ces structures.

Origines et ancrage historique de l’antifascisme

Le terme « antifa » puise ses racines dans l’Allemagne des années 1920, en République de Weimar. Utilisé par le mouvement autour du KPD, ce sigle désigne des groupes envisageant une action directe dans l’espace public pour contrer les formations nazies et leurs sympathisants, selon l’historien Gilles Vergnon.

En Europe, l’emploi du mot antifascisme s’impose à partir des années 1934-1935, dans un contexte où l’Italie et l’Allemagne étaient dirigées par des régimes fascistes ou nazis et où d’autres dictatures marquantes se développaient en Bulgarie, en Hongrie ou en Pologne, rappelle l’auteur du livre « Le temps du socialisme en Europe de 1875 à nos jours ».

Antifascisme, acteurs et mobilisation

Aujourd’hui, l’antifascisme est surtout considéré comme une idéologie que des militants s’approprient, plutôt que comme une organisation politique structurée. Le spécialiste évoque un label davantage qu’un mouvement organisé, et note qu’en France, par exemple, il n’existe plus d’organisation dotée d’un local, de cartes d’adhérents ou d’une boîte postale telle qu’elle pouvait exister dans les années 1990.

Maintien de structures locales

Si certains groupes antifascistes subsistent localement, d’autres restent actifs, comme la Jeune Garde antifasciste, créée en 2018 et qui a mené des actions à Lyon contre des groupes d’ultra-droite avant sa dissolution en juin 2025 par le Conseil de ministres. Son fondateur, Raphaël Arnault, a été élu à l’Assemblée nationale lors des législatives de juillet 2024.

Gilles Vergnon estime toutefois que parler d’antifascisme aujourd’hui peut relever d’un abus de langage, notamment en France, où le principal parti d’extrême droite, le Rassemblement national, ne peut pas être considéré comme fasciste faute de milices paramilitaires en uniforme. Il ajoute que l’antifascisme revendique quelque chose qui s’inscrit dans une narration historique glorieuse, mais qu’il n’est pas évident que ce cadre soit adapté au contexte contemporain.

Violence d’extrême droite et liens politiques

Si le RN cherche à gagner en respectabilité et ne poursuit pas nécessairement un objectif de groupe paramilitaire, des liens avec des groupuscules d’ultra-droite ont été évoqués. Mediapart a notamment révélé des liens entre la présidente du RN et le Comité du 9-Mai, qui affiche publiquement des symboles néonazis.

La Jeune Garde antifasciste est née en réaction à des groupes néofascistes qui n’hésitent pas à recourir à la violence. Parmi les acteurs historiques, le Bastion social est identifié comme l’héritier du Groupe union défense (GUD), dissous en 2019.

La violence d’extrême droite demeure une réalité en France: en 2023, un maire en Bretagne a été agressé et intimidé par des hommes cagoulés dans le cadre d’un projet d’accueil de réfugiés; la même année, des activistes d’extrême droite ont incendié la maison du maire de Saint-Brévin-Les-Pins, l’obligeant à démissionner.

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