Réunion confidentielle à l’ONU : des ONG et agences discutent avec la Fondation humanitaire de Gaza
Une rencontre discrète organisée le 6 août à New York a réuni plusieurs organisations humanitaires internationales et la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Bien que cette réunion ait été conçue pour rester confidentielle, son compte-rendu a été révélé par le média spécialisé The New Humanitarian.
Une rencontre initiée par l’ambassade américaine à l’ONU
Selon un courriel co-rédigé par une haute responsable des Nations unies, la réunion a été convoquée par l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU. Y participaient le directeur de la GHF, des représentants de quatre agences onusiennes — dont l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) — ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le document décrit une discussion qualifiée d’« ouverte et constructive ». Les participants auraient exprimé le souhait de développer des actions humanitaires complémentaires et parallèles dans la bande de Gaza, tout en constatant que les besoins sur place dépassent largement les ressources actuellement mobilisées. Le texte insiste sur la nécessité d’une mobilisation généralisée face à la gravité de la crise.
Des inquiétudes autour de la Fondation humanitaire de Gaza
Lors de l’échange, des préoccupations ont été formulées concernant la GHF, enregistrée dans l’État du Delaware aux États-Unis. L’organisation est l’objet de critiques, notamment en lien avec des incidents survenus lors de distributions alimentaires à Gaza, au cours desquelles de nombreux Palestiniens ont perdu la vie.
D’après le même courriel révélé par The New Humanitarian, les participants auraient cependant convenu de ne pas attiser davantage la controverse, préférant se tourner vers les enjeux actuels et futurs.
La réaction de l’UNRWA
Six jours après la tenue de la rencontre, soit le 12 août, le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a adressé une lettre au secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires, Tom Fletcher. Dans ce message reproduit par The New Humanitarian et authentifié auprès de la RTS, il souligne que l’absence de réaction face à des événements susceptibles d’être qualifiés de crimes de guerre pourrait être perçue comme une forme de complicité. L’agence onusienne n’a pas souhaité fournir d’autres précisions.
La position du CICR après la réunion
Le CICR a confirmé sa participation à cette réunion par l’intermédiaire de son porte-parole, Christian Cardon. Celui-ci précise toutefois que l’organisation n’a pris aucun engagement visant à éviter la controverse.
« Le CICR ne s’est engagé à aucun accord et continuera de soulever publiquement ses préoccupations concernant tout dispositif d’aide humanitaire susceptible de mettre en danger les civils à Gaza », a-t-il affirmé.
Un message public publié après la rencontre
Comme élément de preuve, Christian Cardon rappelle un message publié deux jours après la réunion sur la plateforme X, où le CICR juge « inacceptable » que des personnes soient blessées ou tuées alors qu’elles cherchent à nourrir leurs familles. Le porte-parole a également rappelé que le dialogue avec toutes les parties impliquées fait partie des pratiques du CICR, sans que cela implique une validation de leurs actions.
La position officielle des Nations unies
Invitée à réagir, l’ONU n’a pas commenté directement le contenu des documents ayant fuité. Son porte-parole, Jens Laerke, a cependant réaffirmé auprès de la RTS que l’organisation conserve une approche fondée sur des principes humanitaires stricts.
« Il est essentiel de maintenir des canaux de communication ouverts avec tous les acteurs afin de répondre aux besoins humanitaires majeurs à Gaza. Nous restons fermement engagés à soutenir la population dans le respect de nos principes », a-t-il déclaré.
Ce rendez-vous confidentiel, désormais révélé, met en lumière la complexité du travail humanitaire dans un contexte marqué par une forte crise et de profondes tensions autour des mécanismes de distribution de l’aide.