Donald Trump aurait affaibli une partie du contre-pouvoir institutionnel, selon Corentin Sellin
Transformations à la Maison Blanche : un symbole politique ?
Des travaux majeurs sur le complexe de la Maison Blanche sont en cours. Pour Corentin Sellin, historien spécialisé dans les États‑Unis, ces aménagements « racontent quelque chose, mais peut-être pas ce que l’on croit ». L’aile en rénovation serait, selon lui, « une métaphore d’un Donald Trump qui profite de ses larges pouvoirs ».
Techniquement, le président peut agir comme il l’entend à la Maison Blanche, rappelle-t-il. En revanche, contrairement à ses prédécesseurs qui soumettaient leurs plans à une commission architecturale, « lui ne s’encombre pas de tout cela. Il fait ce dont il a envie ».
Pour Sellin, ce choix architectural est en réalité politique: « La loi a fait du président une forme d’empereur possible de la Maison Blanche. Et Donald Trump assume pleinement de l’être. »
La destruction d’une aile de la Maison Blanche est évoquée comme l’un des points de polémique autour de ces transformations.
Des mécanismes de régulation affaiblis
En neuf mois, une transformation profonde se déploie, marquée par la fermeture d’agences fédérales, des coupes dans des programmes universitaires et des bouleversements dans les relations internationales. L’historien parle d’un affaiblissement des garde-fous institutionnels qui régulent le pouvoir présidentiel.
« L’équilibre entre pouvoir et contre-pouvoir a été largement rompu », affirme Corentin Sellin. « Trump peut continuer à ce rythme, car beaucoup de contre-pouvoirs, notamment ceux prévus par la Constitution et ses évolutions, ont été neutralisés. »
La justice et les médias dans une dynamique changeante
Selon l’historien, la justice apparaît parfois en retrait: des juges fédéraux de première instance indiquent au président ce qu’il ne peut pas faire, mais les cours d’appel et la Cour suprême donnent, dans une large mesure, raison à l’administration Trump, en grande partie parce que nombre de ces juges lui ont été nommés.
« L’instance judiciaire de régulation de la démocratie américaine montre une déférence croissante envers le pouvoir présidentiel et permet à Donald Trump de poursuivre son expérimentation de réduction de l’État fédéral », résume Sellin.
La couverture médiatique, autrefois considérée comme un contre-pouvoir, évolue aussi sous l’influence d’alliances proches du président et d’évolutions éditoriales tenant compte du poids électoral de Trump.
Propos recueillis par: Eric Guevara-Frey
Adaptation web: Miroslav Mares