L’homme qui rétrécit : le remake de Jean Dujardin mêle écologie et réflexion existentielle
Origines et résurgence du récit
Le roman de Richard Matheson, publié en 1956 et adapté au cinéma en 1957 par Jack Arnold, proposait un double questionnement sur la société et l’humanité face aux progrès. Le protagoniste, présenté comme un homme alpha, subissait une mutation après une exposition à un nuage radioactif. En conséquence, son statut de dominant vacillait et il revenait à un état primitif, soulevant une réflexion sur l’avenir de l’espèce humaine à l’ère atomique.
Une réinterprétation contemporaine confrontée à l’écologie
La version 2025 privilégie une lecture écologiste du mythe. Le personnage est Paul, interprété par Jean Dujardin dans une veine introspective. Il dirige une entreprise de construction navale et vit avec sa femme et sa fille. Après une sortie en mer, un phénomène météo peut-être inexplicable intervient et Paul commence inexorablement à rapetisser. Son entourage et les médecins restent sans explication. Après un affrontement avec son chat, Paul se retrouve prisonnier dans sa cave et lutte pour s’échapper de cet environnement qui devient hostile.
Des séquences physiques et métaphysiques au service d’une fable existentielle
Le film réserve des scènes marquantes, mêlant effets physiques et images symboliques. La narration évolue vers une approche plus grave et contemplative, proche d’une fable existentielle plutôt que d’un récit de survie épique. Le public suit les péripéties de Dujardin dans des situations insolites, comme escalader une paroi en bois comme s’il s’agissait de l’Everest, affronter une araignée, lutter contre des fourmis, ou nager dans un aquarium aux côtés d’un poisson rouge. Ces moments soulignent la petitesse humaine face à l’immensité.
Une portée et des limites narratives
Cependant, plusieurs choix artistiques atténuent l’impact global du long métrage. La musique d’Alexandre Desplat est jugée parfois excessive, au point d’éclipser d’autres dimensions du récit. La voix off du protagoniste, employée de manière soutenue, apporte des réflexions philosophiques qui peuvent paraître pesantes. L’ouverture qui révèle très tôt la place marginale de Paul dans l’univers et dans son foyer peut, selon certains, freiner l’élan dramatique du reste du film.
Cependant, le film conserve néanmoins une sincérité et une poésie qui se dégagent malgré ces réserves, particulièrement dans les passages intimes et poétiques.
Note: 3/5
Rafael Wolf/ld
L’homme qui rétrécit, réalisé par Jan Kounen avec Jean Dujardin et Marie-Josée Croze, est sorti en salles romandes à partir du 29 octobre.