Économie suisse : contraction plus marquée que prévu au troisième trimestre, selon le Seco

Contraction du PIB au T3 et analyses d’experts

Selon le Secrétariat d’État à l’économie (Seco), le produit intérieur brut suisse recule de 0,5 % par rapport au trimestre précédent au troisième trimestre. Cette estimation, publiée après une révision des variations saisonnières, est issue d’un calcul effectué environ 45 jours après la fin de la période. Pour le trimestre antérieur, la croissance s’établissait à 0,1 % en comparaison avec le trimestre d’avant, après un bond de 0,7 % enregistré au premier trimestre.

Les économistes consultés par AWP tablaient sur une évolution située entre -0,3 % et +0,2 % pour ce troisième trimestre, et ils soulignent des facteurs structurels qui pesaient sur la dynamique. Ils font notamment état d’une contraction marquée dans le secteur chimie‑pharmaceutique et d’une performance globale de l’industrie inférieure à la moyenne, tandis que l’activité des services n’a pas suivi le rythme.

Facteurs et points de vue des spécialistes

Thomas Gitzel, chef économiste de la banque VP, évoque l’impact observable des droits de douane sur l’économie helvétique et souligne que l’ampleur des effets était plus forte que prévu. Mathieu Grobéty, directeur de l’institut CREA de l’Université de Lausanne, met en avant trois éléments clés : une incertitude politique aux États‑Unis en raison des positions fluctuantes de Donald Trump, une croissance globale plus molle et une sous‑performance du secteur chimie‑pharmaceutique.

Contexte sur les droits de douane et l’accord avec les États‑Unis

Cette contraction du PIB reflète non seulement l’effet direct des droits de douane, mais aussi leurs répercussions négatives sur le commerce mondial, dans le sillage de leur mise en œuvre, selon GianLuigi Mandruzzato, économiste chez EFG. Il note que le Seco pointe une diminution de la valeur ajoutée dans l’industrie suisse, même si les données de l’Office fédéral de la statistique et les PMI décrivent parfois une image moins sombre pendant l’été.

Par ailleurs, le ministre de l’Économie, Guy Parmelin, a annoncé un nouvel accord commercial avec les États‑Unis, comprenant notamment une taxation de 15 % sur certains biens suisses importés. John Plassard de Cité Gestion rappelle toutefois que les droits de douane américains ne passent pas de 39 % à 15 %, mais passent plutôt d’environ 0,6 % au niveau moyen des importations en décembre 2024 à 15 %, ce qui constitue une nuance susceptible d’être appréciée par les exportateurs suisses.

Prévisions et contexte macroéconomique

En octobre, le Seco a révisé à la hausse sa projection de croissance pour 2025, la portant à 1,3 % (contre 1,2 % dans l’estimation précédente). Pour l’année suivante, l’organisme prévoit une croissance du PIB de 0,9 %.

Environnement économique et perspectives

Pour Céline Koster, analyste en stratégie à la Banque cantonale de Saint-Gall, l’environnement économique reste globalement difficile pour la Suisse, même si la réduction des droits de douane américaines constitue une lueur d’amélioration, faute d’impulsions externes solides, notamment venant d’Allemagne. De son côté, GianLuigi Mandruzzato estime que les perspectives s’améliorent mais que la Banque nationale suisse devrait, lors de la réunion de décembre, maintenir son taux directeur à 0,00 % et privilégier d’éventuelles interventions sur le marché des changes pour limiter une appréciation excessive du franc.