Abolition de la valeur locative en Suisse : résultats du vote 2025 et écarts cantonaux

Résultats et clivages régionaux

Surprise ce dimanche: après plusieurs rejets dans les urnes ces dernières années — dont le dernier en 2012 — les Suisses ont finalement accepté l’abolition de la valeur locative à 57,7 %, et ce, à la majorité des cantons.

Écarts entre Suisse romande et le reste du pays

La répartition montre un fossé marqué: tous les cantons de Suisse romande ont refusé l’initiative. Dans le canton de Vaud, le non s’est élevé à 63,8 %, Genève a dit non à 66,1 %, Neuchâtel 61,6 % et le Jura 61,2 %. Fribourg a également rejeté le texte, mais de peu, à 50,8 %.

Non valaisan et contrastes en montagne

En Valais, compte tenu du fort recours aux résidences secondaires et des pertes fiscales potentielles, le non s’est établi à 60,3 %. À l’inverse, les cantons de montagne tels qu’Obwald, Nidwald, les Grisons, Uri et le Tessin ont majoritairement soutenu le changement, contrairement à l’avis de la Conférence gouvernementale des cantons alpins.

Échos alémaniques et approfondissements

Tous les cantons alémaniques, à l’exception de Bâle-Ville, se sont également prononcés en faveur de l’abolition. Le soutien a été particulièrement marqué dans Appenzell Rhodes-Intérieures, où 75,1 % des électeurs ont dit oui.

Calendrier et implications financières

À noter que l’abrogation de la valeur locative ne prendra effet qu’en 2028, a précisé dimanche la ministre des Finances Karin Keller-Sutter. Cette temporisation vise à laisser le temps nécessaire aux cantons pour s’adapter. Elle a rappelé que l’abolition entraînerait des pertes fiscales estimées à environ 400 millions de francs pour la Confédération et les cantons si les taux hypothécaires demeurent stables.

Réactions et enjeux pour le secteur immobilier

L’UDC s’est dite satisfaite du oui à l’abolition, qualifiant la décision d’historique et estimant qu’elle pourrait renforcer le pouvoir d’achat de la classe moyenne. Du côté de la gauche, le PS évoque une perte potentielle du pouvoir d’achat pour les locataires et la classe moyenne, anticipant des pertes fiscales et des hausses d’impôts; les Verts dénoncent des répercussions sur le tournant énergétique.

En Suisse romande, le rejet de la suppression demeure plus marqué, reflétant le clivage régional sur cette réforme.

Réactions du secteur immobilier

Le Comité interpartis favorable à l’abolition et l’Association suisse des propriétaires de logements (HEV) se félicitent d’un résultat qui, selon eux, met fin à une « taxe fantôme » qui pesait sur les propriétaires.

HabitatDurable souligne l’énorme manque à gagner pour les cantons et s’inquiète de l’absence d’incitations à l’assainissement énergétique des bâtiments, alors que le secteur immobilier représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre. L’Association suisse des locataires déplore, quant à elle, le fait que les propriétaires bénéficient désormais d’un privilège fiscal alors que la Confédération et les cantons perdent des recettes fiscales.

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