Inauguration du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique en Éthiopie dans un contexte de tensions géopolitiques

Un projet emblématique suscite l’unanimité en Éthiopie malgré un contexte de conflits

Être d’un développement décidé dans une région marquée par des tensions et des conflits armés, le lancement du Grand Réservoir Ethiopien (GERD) fait figure d’exception nationale. En pleine Corne de l’Afrique, ce mégabarrage apparaît comme un symbole d’unité et de perspectives nouvelles, notamment dans les deux zones les plus peuplées, l’Amhara et l’Oromia.

Un projet d’envergure pour une révolution énergétique en Afrique

Le GERD consiste en une infrastructure colossale, s’étendant sur 1,8 kilomètre de largeur pour 145 mètres de haut, avec une retenue d’eau capable de contenir 74 milliards de mètres cubes. En tant que deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Éthiopie, où près de 45 % de la population de 130 millions d’habitants n’a pas encore accès à l’électricité, voit en ce projet une transition énergétique majeure, selon des experts.

Ce barrage vise une puissance de production de 5 000 mégawatts (MW), soit le double de la capacité actuelle d’énergie produite dans le pays. Bien que cette puissance reste inférieure aux gigantesques réalisations mondiales, telles que le barrage des Trois-Gorges en Chine (22,5 GW) ou celui de Baihetan (16 GW), le GERD constitue une avancée essentielle pour l’autonomie énergétique de l’Éthiopie.

Une source de revenus significative pour le pays

Les revenus issus de la vente d’électricité au sein de la région devraient renforcer l’économie éthiopienne. Le Premier ministre a évoqué des recettes annuelles estimées à 1 milliard de dollars, par opposition au coût global du projet, évalué à 4 milliards de dollars. Cette initiative intervient dans un contexte où l’Éthiopie ambitionne de devenir un leader africain dans la mobilité électrique, en particulier avec l’interdiction, début 2024, importation de véhicules thermiques.

Cérémonies et symbolisme lors de l’inauguration

Les festivités de lancement ont commencé lundi soir, avec une mise en spectacle utilisant lampions, lasers et une flotte de drones diffusant des messages de prospérité et d’avenir, tels que « l’ascension géopolitique » ou encore « un saut dans le futur ». La soirée a été marquée par un feu d’artifice géant, retransmis en direct à la télévision nationale ainsi que sur les réseaux sociaux, où de nombreux citoyens ont exprimé leur enthousiasme, allant jusqu’à qualifier cet événement de symbole de prospérité ou de victoire collective.

Un projet lancé en 2011 et revendiqué par plusieurs générations politiques

La pose de la première pierre du GERD remonte à avril 2011. Depuis, tant le parti tigréen TPLF, au pouvoir jusqu’en 2018, que le gouvernement actuel du Premier ministre Abiy Ahmed, se sont attribué la paternité de cette infrastructure. La revitalisation de ce projet s’inscrit dans une vision à long terme pour l’avenir de l’Éthiopie, tant sur les plans économique que stratégique.

You may also like...